Produisons de l’electricite renouvelable a grande echelle

Quelles sont les pistes de politiques ambitieuses pour que Nantes Métropole soit à la hauteur des enjeux de production d’électricité renouvelable et de baisse des consommations d’énergie ?

Pour l’heure, nos villes agissent comme de grandes pompes aspirantes de l’énergie électrique renouvelable produite dans leurs campagnes

La Métropole de Nantes consomme à elle seule 35% de l’électricité du département pour seulement 7% de sa surface, phénomène de concentration encore plus marquée si on regarde la seule commune de Nantes : 1% de la surface du département pour 15% de sa consommation électrique. Elle ne produit pourtant que 2% de son électricité de façon renouvelable, contre 15% pour la moyenne du département.

Ce sont aujourd’hui les communes rurales qui agissent le plus proportionnellement à leur consommation et leurs moyens, accueillant des parcs photovoltaïques et éoliens sur leur territoire, produisant parfois 4 ou 5 fois plus d’électricité que ce que la commune consomme, afin que nos grandes villes puissent y puiser pour alimenter leurs bâtiments et transports en commun.

Si nous souhaitons réellement construire un système électrique à forte proportion d’énergies renouvelables décentralisées, nous devons entrainer nos villes dans l’effort collectif aux côtés des communes rurales et utiliser les ressources qui y sont aujourd’hui largement disponibles. L’effort d’investissement doit être partagé, il est inacceptable que nos villes avec leurs moyens financiers et humains considérables ne prennent pas la peine d’y dédier le début d’une réflexion conséquente.

Une vaste ressource inexploitée pour la production d'électricité

La Métropole de Nantes possède une vaste ressource inexploitée de production électrique : 3900ha de toitures restent désespérément déserts de panneaux solaires. Pour donner une idée, en équipant en panneaux photovoltaïques 25% de ces toitures, la Métropole pourrait produire environ 700 GWh d’électricité par an, soit plus que la production de la centrale à gaz de Cordemais ou la moitié de ce que produit les 80 éoliennes en mer installées face aux côtes de Saint Nazaire. C’est 25% de la consommation de la Métropole et 10% de celle de tout le département : nous avons le pouvoir à Nantes d’avoir un impact significatif dans l’indépendance énergétique de notre territoire !

Le coût d’investissement total serait de l’ordre de 300 M€ en fonds propres, ce qui parait énorme mais ne représente que 400€/habitant à étaler sur des années, finançables par la collectivité, des citoyens investisseurs et pourquoi pas des entités privées. Tous ces projets étant rentables à 4% en moyenne sur 20ans et sources d’emplois locaux non délocalisables pour l’installation et la maintenance de ces centaines de milliers de panneaux, ce serait dans tous les cas un investissement producteur de richesses et non une dépense pour la collectivité.

Nous devons donc absolument généraliser l’autoconsommation collective de l’électricité que nous produirons sur nos toits ! Si 700 GWh sont produits et autoconsommés, à un prix de revient de l’électricité en moyenne 30% moins cher (~18c€/kWh) que le tarif réglementé d’EDF (25c€/kWh en février 2024), ce serait environ 50 millions d’euros d’économies sur les factures d’électricité pour les habitants de la Métropole sur chaque année ! De plus, le tarif réglementé ne fera qu’augmenter chaque année, voir sera supprimé livrant les citoyens à des prix de marchés plus élevés, rendant encore plus intéressant une consommation à prix fixe d’une électricité produite localement.

Équipons donc dès maintenant toutes nos écoles, tous nos gymnases, tous nos bâtiments publics, tous les bâtiments des bailleurs sociaux, tous les centres commerciaux. Imposons que toute nouvelle construction soit conçue pour accueillir de façon optimale une couverture solaire par un cahier des charges imposable strictement aux promoteurs. Créons localement des centres de formations de techniciens électriciens pour la pose et la maintenance des panneaux. Favorisons l’installation d’entreprises de production de panneaux photovoltaïques, attirés par la perspective d’un carnet de commande bien rempli sur des années par le soutien de la collectivité, l’une des deux seules usines de productions de panneaux français se trouvant déjà à Carquefou.

Construisons à Nantes une véritable filière locale vertueuse du photovoltaïque !

Un levier incontournable de la baisse des consommations électriques

En plus de son énorme potentiel de production d’électricité, Nantes Métropole est également un levier incontournable de la transition énergétique du département par la baisse de sa consommation : baisser de 1% sa consommation électrique revient à effacer du réseau une commune de 5000 habitants comme Saint-Mars-du-Désert.

De plus, ce sont dans les villes que les efforts d’investissement pour la baisse des consommations sont les plus simples à réaliser et les moins chères à financer. Prenons la rénovation énergétique des logements : est-il plus efficace en terme de coût-bénéfice de rénover un immeuble d’habitation collectif avec 80 appartements ou 80 maisons individuelles d’une zone résidentielle péri-urbaine ou rurale ?

La responsabilité des villes densément peuplées est énorme sur la réduction globale des consommations car c’est ici que les économies d’énergie sont les plus efficaces contre une dépense minimale d’argent public et de travail humain. C’est donc aux villes de tracer la voie avec des politiques ambitieuses axées sur les deux sujets qui concentrent 70% de nos consommations d’énergie : la mobilité et le chauffage des bâtiments.

Thomas BOUTIGNY

Ingénieur en Énergies Renouvelables et Militant Écologiste

Né en 1994 dans les Yvelines, Thomas Boutigny a orienté sa vie professionnelle et militante vers le développement durable. Spécialisé en génie énergétique à l'IMT Atlantique, il s'investit dans le photovoltaïque, l'éolien, et le militantisme à La France Insoumise. Co-président de Nanteol et membre de WattElse, il concrétise son engagement écologique par des projets citoyens énergétiques. Son action politique se concentre sur les politiques énergétiques et de décarbonation, ainsi que sur le logement et la réindustrialisation.