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13 mars 2024

Voyage (a deux a l'heure) a Nantes

La France souffre d’une addiction a la bagnole. A tel point qu’un simple chantier ou une simple inondation a des conséquences dramatiques sur l’état du trafic routier dans une ville comme Nantes. Réflexion sur le transport dans  l’une des villes les plus embouteillées de notre pays.

100 000 habitants de plus en 12 ans

Quand j’ai quitté la métropole pour aller finir mes études à Paris en 2012, Nantes Métropole comptait 600000 habitants. Quand je suis revenu 9 ans plus tard, cette population avait augmenté de 75000 habitants. On peut dire que la politique d’attractivité tout azimut du territoire a été un réel succès ! Même le Covid-19 n’a pas réussi à enrayer cette dynamique.

Outre les effets sur le prix du loyer et de l’immobilier, que je ne détaillerai pas ici, un effet kiss-cool a été la saturation du réseau de transports. Nantes était déjà une ville réputée embouteillée, la situation s’est grandement empirée. Pourtant, la part de la voiture a un peu baissé dans les trajets domicile-travail. Que s’est-il passé ?

La politique d’attractivité de la ville draine des travailleurs venant de plus en plus loin. Et faute de régularité sur les transports collectifs, les habitants hors-métropole prennent leur voiture en écrasante majorité. Résultat : les routes sont saturées, à commencer par le périphérique. Avec les conséquences que l’on connaît sur la santé des riverains, la sécurité routière, le temps perdu, et les incivilités (ça compte !).

Le réseau de transport en commun quant à lui fonctionne à plein régime. Aux heures de pointe, je vois passer de ma fenêtre un tramway toutes les 2 minutes. Pas possible d’en faire plus, malgré le fait qu’ils soient systématiquement blindés. Alors ça crée de la frustration. Certains esquivent dès qu’ils peuvent ce mode de transport et se reportent sur le vélo. Mais là également ce n’est pas très reluisant.

La métropole a vu une augmentation significative de la part du vélo dans les déplacements de ses habitants. Enfin, pas de tous. Évidemment, il n’y a qu’une infinitésimale part des métropolitains hors Nantes et petite couronne (Rezé, Saint Herblain, Saint Sébastien, …). Les rares aménagements prévus pour le vélo sont encore trop timides et manquent de vision d’ensemble. Trop de routes sont encore prévues pour ménager la chèvre et le chou, faire passer voiture et vélo sur les mêmes routes. Notamment par les mêmes ponts.

Le franchissement de la Loire a toujours été un problème pour la circulation à Nantes, et ce n’est pas la fermeture prochaine du pont Anne de Bretagne qui me contredira. Les automobilistes, les cyclistes, les conducteurs de bus, et même les commerçants (!) redoutent ce moment fatidique du début des travaux.

Alors, que faire ?

On arrêtera pas de se déplacer, les travailleurs auront toujours besoin d’aller bosser ; l’aire d’attractivité de Nantes ne se réduira pas. On peut envisager une réduction de la voiture par le co-voiturage, par le télétravail ou par la place du vélo. Mais la réalité est que la place de la voiture ne diminuera pas, la première partie de la solution passera forcément par le transport collectif.

Si le tram-train de Clisson fonctionne à plein, celui de Châteaubriant connaît un succès moindre. Les TER sont quasi systématiquement plein, quand ils ne sont pas carrément en sur-utilisation dûe au manque de matériel. Les trams sont pleins, les chronobus aussi, mais leur déploiement en étoile a fait son temps et ne permet plus un changement d’échelle à la hauteur des enjeux de mobilité contemporains. Ce qu’il faut, c’est augmenter considérablement l’offre de transport sur les communes en dehors de Nantes. Nous avons besoin de bus à cadence rapide qui desservent toutes les villes et villages de la métropole, pour que les travailleurs puissent rejoindre Nantes sans prendre leur voiture. D’une vraie proposition de RER métropolitain telle que celle développée par le collectif FER Nantes, avec un cadencement qui permette aux usagers de se reposer entièrement sur ce mode de transport. De solutions pour enfin, demain, pouvoir aller d’une commune à l’autre en transport en commun sans nécessairement passer par le centre-ville de Nantes.

La seconde partie de la solution relève de l’urbanisme. Ce que les gens gagnent en m2, ils le perdent en distance des services de base. La politique d’urbanisme de la métropole doit se concentrer sur une réduction des besoins de transports par la dynamisation des cœurs de bourg, tant sur le plan des services proposés que des commerces et des possibilités d’emploi. Mais je développerai plus cet aspect dans un prochain article.


Maxime VIANCIN

Graphiste et Militant


https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/peripherique-inonde-a-nantes-un-casse-tete-qui-attend-toujours-detre-resolu-19f0098e-d57f-11ee-96ef-9660257def44

https://www.francebleu.fr/infos/transports/nantes-le-pont-anne-de-bretagne-sera-ferme-aux-automobilistes-pendant-un-an-a-cause-des-travaux-7533669

https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/nantes/ca-va-etre-un-sacre-merdier-la-circulation-des-voitures-interdite-sur-le-pont-anne-de-bretagne-a-nantes-une-fermeture-qui-ne-ravit-pas-les-usagers-et-les-commercants-2872820.html

https://www.francebleu.fr/s3/cruiser-production/2023/11/dfa78225-3b2f-4ad4-8cc0-75b5f4cda2c6/600_sc_2-nouvelles-tram-1-nouvelle-ligne-busway.webp

https://www.ouest-france.fr/economie/transports/routes/circulation-nantes-est-dans-le-top-10-des-villes-les-plus-embouteillees-0a7ffb58-b158-11ee-889e-f4c642b1c23a

https://semitan.tan.fr/les-chiffres-cles

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